mardi 3 mai 2016

Grosse claque de Tabaski. 12 Mai 2016 : A (re)voir absolument

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TABASKI

de Marine Bachelot Nguyen


Pas pu assister à la lecture du 24 avril au théâtre de Ménilmontant ? 

Veinards ! 

Une autre lecture est prévue Jeudi 12 mai à 19h30 à Romainville (LarOcafé), 62, rue de Verdun

 

Vous reprendrez bien un peu de Tabaski ?


30 minutes en apnée, la tête sur le billot, à l'instar du mouton qu'on sacrifie pour Tabaski (dénomination de l'Aid en Afrique de l'Ouest et Centrale). C'est ce que vous propose ce texte écrit par Marine Bachelot NGuyen, mis en espace par Laëtitia Guédon et interprété par Yassine Harrada, Assane Timbo, Anne Massoteau, Jean-Christophe Folly et Blade.



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Marine Bachelot Nguyen

Ecriture précise, nerveuse, viscérale, voire éviscérée et documentée car nourrie des rencontres et interviews que Marine Bachelot a réalisées auprès de personnes expulsées, retournées malgré elles dans leur pays d'origine. Marine Bachelot Nguyen a aussi fréquenté pas mal d'aéroports. Enfin, goût certain de cette autrice pour les entrailles, les viscères et le sacrifice. Animal. Humain.

Tout cela donne Tabaski qui vous dira comment immobiliser sans tuer toute personne reconduite dans "son" pays. Ces techniques d'immobilisation dites non létales et qui bien évidemment le deviennent; les mêmes qui sont utilisées par les forces de l'ordre sur le territoire français lors des interpellations musclées (euphémisme de "mortelles") en quartier populaire, comme l'a rappelé un homme dans le public.

Quelques extraits qui me sont restées dans l'oreille

"la France m'a expulsé et elle a tout gardé"
 Ce n'est pas sans rappeler ce qui se passe actuellement avec les migrants qu'on expulse mais dont les richesses sont gardées au passage par le pays expulseur. Tant qu'à faire...

" Les moutons de la France"

"je t'ai expulsé" dit la mère d'Issa à Issa


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Yassine Harrada 
Issa - interprété par Yassine Harrada - est le sacrifié. A ne pas confondre avec le mouton à sacrifier...quoique. Donc, Issa, le sacrifié. Des deux côtés. En France. Au Mali. Issa que personne ne veut reconnaître. Issa dont on aura toujours le regard, nous public, mais qui ne sera jamais en regard avec son père, sa mère, ou encore avec les membres du village. Issa qui ne peut regarder personne en face. Que personne ne veut regarder car ce retour, bien que subi, devient une honte familiale (son père lui dit : "je suis furieux" et non pas "bienvenue fils", comme on pourrait l'attendre lors de retrouvailles). Ce " retour" humiliant se charge du poids de la faute, une faute qui conduit Issa à être expulsé de la communauté des siens.

Au sens propre, rejeté par tous (France, Mali, famille), comment alors ne pas devenir fou ? Comment ne pas être moins qu'une bête ? Moins qu'un mouton ? On comprend vite que ça va mal finir pour Issa... mais cela finit encore plus vite et plus mal qu'on ne le pensait.  Pièce en apnée je vous dis.

ça y est, Issa n'est plus. Mais, même mort, Issa n'est pas reconnu. Quand enfin les yeux d'Issa croisent ceux des autres personnages, qui le reconnaît ? Moins qu'un homme, moins q'une bête, moins qu'un mouton, moins qu'un fantôme...Définitivement expulsé. Disparu. Oublié. C'est fini. Ou pas. Des Issa, il y en a plein. D'autres moutons. Sacrifiés. A sacrifier. Qui seront sacrifiés. 


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Laëtitia Guédon
La mise en espace proposée par Laëtitia Guédon est extrêmement sobre (comme j'aime) mais redoutablement efficace (comme j'aime).
Bascules constantes, les personnages (hormis Issa) endossant tour à tour les rôles de policier, de parents, de responsable des migrations...car in fine sont-ils si différents  les uns des autres ? Ils ont en commun de ballotter Issa, de ne lui permettre aucune attache possible. De le voir uniquement comme un expulsé, vidé de sa substance d'Homme. Il y aura bien UNE main tendue, mais ça ne suffira pas. 

Basculements encore quand les civilités africaines - qu'en France on s'amuse souvent à railler (ça va la famille ? et les enfants ? ) - se retournent. Au lieu d'être symboles d'allégresse et de bienvenue, elles deviennent accusations.

Disposition simplissime des acteurs. Issa devant ou derrière mais jamais au même niveau que les autres personnages qui eux sont toujours ensemble. Là encore, il s'agit de rappeler cette même indifférenciation dans leur manière de (mal/non)traiter Issa, qu'il soit policier, famille, ami.

Il sera intéressant de voir la 2nde lecture de Jeudi 12 mai à 19h30 au LarOcafé (Romainville). Comment la metteuse en scène soutiendra les enjeux du texte, cette fois dans un café ?


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Blade


Il y aurait encore tellement à dire sur ce texte et cette lecture. Comme cette création sonore confiée à l'artiste Blade qui finit de souligner les enjeux de la pièce, sans les alourdir. 
On a même droit à une parenthèse slamée ! 







Pourquoi je ne dis rien des autres comédiens ? Parce que je les ai trouvés magnifiques et que vous risquez de dire que c'est trop, que ce n'est pas possible que tout soit si parfait...et pourtant si !  C'est l'art et le savoir-faire d'un-e comédien-ne que de nous donner à voir une gamme étendue de sentiments, de nous faire ressentir les complexités de l'âme humaine et des rapports humains...tout cela comme par magie (en fait, il y a beaucoup de travail derrière !!). C'est exactement ce qu'il s'est passé pour moi avec cette lecture. En un instant, j'étais la mère, puis le père, puis un autre expulsé, puis Issa, puis le policier, etc. etc.
Et tout cela sans forcer la lecture. Des comédiens qui ont fait résonner le texte sans l'appuyer inutilement ni en donner une lecture hésitante bien qu'ayant le texte en main, ce qui n'est jamais simple (essayez!!)

Un texte ciselé, pas bavard, qui ne bégaie pas, parfaitement porté par ces comédiens.

Nota : Souffrant, Jean-Christophe Folly n'était pas au plateau le 24 avril 2016


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Assane Timbo


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Anne Massoteau


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Jean-Christophe Folly


Bref, allez découvrir ce condensé de tragédie express. Vite !
Je répète, Tabaski rejoue le 
Jeudi 12 mai à 19H30
à LarOcafé (Romainville) - 62, rue de Verdun
dans le cadre de la « MC93 Hors-les-murs »

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Tabaski a été sélectionné dans le cadre du festival Jeunes Textes en Liberté mis sur pied par Penda Diouf et Antony Thibault. Pour en savoir plus, c'est ici et ci-dessous

Label d'écritures contemporaines et cycle de mises en espaces, JEUNES TEXTES EN LIBERTÉ est né de la volonté de promouvoir la représentativité de la diversité des narrations, des auteurs, des comédiens et des metteurs en scène sur les scènes de théâtre. Vigilant à cette question de la représentation, le label veille à un équilibre : hommes / femmes / blancs / non blancs. 


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